Et rien d’autre de James Salter

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Philip Bowman, jeune homme trop pressé, s’est fixé deux objectifs : rencontrer l’amour et Hemingway.

Il voit l’avenir suivant ses propres rêves. Il rencontre Vivian. Se marie.
Mais déjà, «le même couple, le même lit, et pourtant ils n’étaient plus les mêmes.»
L’Amérique des années 50, l’Amérique d’après-guerre.
Les mêmes américains, le même pays et pourtant une Amérique qui n’était plus la même.
Un Amérique très (trop) pressée…et c’est magnifique !

Le livre de James Salter est un succulent cliché de l’Amérique.
L’auteur manie dialogues avec véracité et dextérité. Très vivant.
Les descriptions de «l’american way of life» sont un régal. Eloquent.
Une sorte de far-west : celle d’une génération désanchantée et désabusée. Une génération à l’ouest !
A la conquête des illusions perdues.
Décidément l’Histoire de cette jeune Amérique n’en finit pas de s’écrire.

Je conseille vivement cette lecture…et rien d’autre…
Une nouvelle découverte de l’Amérique.
Un livre fort et irrésitible…
Encore et encore…
Un 5 étoiles sur la bannière étoilée de la rentrée littéraire.

Tristesse de la terre de Eric Vuillard

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«Et, parfois, la scène semble exister davantage que le monde…»

C’est l’histoire de Buffalo Bill que nous raconte Eric Vuillard.
Avec talent comme souvent.
Celle du «Wild West Show» ou l’invention du show-business.
Avec son héros Buffalo Bill lui-même qui joue son propre rôle (lamentable légende vivante), un impresario plus que louche, de vrais indiens (avec le véritable Sitting Bull), huit cents personnes, cinq cents chevaux, des dizaines de bisons…
Une version revue et très corrigée de l’Histoire de la conquête de l’Ouest.
L’Amérique qui change de peau en ce début d’industrialisation en redemande. Elle a soif de son passé et faim d’avenir prometteur.

«La foule hurle, l’insulte. On crache. La voilà, la chose inouïe, le Peau-Rouge, celui qu’on est venu voir, la bête curieuse qui a rôdé autour de nos fermes…»
L’Amérique se donne des frissons.

Le show fera le tour du monde : Rome, Londres, Paris jusqu’à Nancy !
La grande parade, la comédie humaine jouée et rejouée.
Little Big Horn et Wounded Knee tournés en ridicule.

«Quelques Indiens à cheval tournent autour des rangers en criant comme Buffalo Bill leur a appris à le faire.
Ils font claquer leur paume sur leur bouche, whou! whou! whou! Et cela rend une sorte de cri sauvage, inhumain. Mais ce cri de guerre, ils ne l’ont poussé ni dans les Grandes Plaines ni au Canada, ni nulle part ailleurs, c’est une pure invention de Buffalo Bill.»

Mais bientôt le public va se lasser du spectacle.
Déjà pointent les nez illuminés des Luna Park et autres DisneyLand…
Les fanfaronnades de Bill Cody vont s’éteindre et tomber dans l’oubli.

Un livre émouvant. Un livre de révolte.
«La civilisation était devenue cela : un alliage impossible de nouveautés et de regrets.»